Mademoiselle Baudelaire: Rachilde ou le féminin au masculin
Cet article étudie en particulier deux textes de Rachilde: Monsieur Vénus et La Marquise de Sade (1887). En re-incorporant les fantasmes de l'imaginaire décadent de son siècle, et en particulier de l'imaginaire baudelairien, Rachilde avancera son propre modèle de scandale. Le rejet de la maternité constitue dans La Marquise de Sade la remise en question systématique de la famille. En renvoyant au marquis de Sade, le texte affiche son identification à un moment précis de l'histoire: 1789 qui est la période révoluionnaire, anarchiste par excellence. La décadence, "la fin de tout" comme le dit Rachilde va permettre cette liaison avec la révolution française qu'elle imite dans ses actes terroristes fin-de-siècle. En se méfiant de "l'éternel féminin caché sous le masque maternel," Rachilde dévoile ce transfert massif de la langue de la mère à la langue sadienne. La mère anémique, "buveuse de sang," devient l'élément traumatisant et structurant du texte. L'analyse de Monsieur Vénus et de La Marquise de Sade conduit finalement à reconsidérer "l'antiféminisme" affecté par Rachilde et à le replacer dans une attaque systématique des modèles patriarcaux représentés alors par les institutions traditionnelles de l'Armée et de l'Eglise. (In French) (ML) [Studies two texts of Rachilde, Monsieur Vénus and La Marquise de Sade; influence of Charles Baudelaire and the Marquis de Sade; treatment of ideas related to rejection of maternity and systematic questioning of the family.]
Volume 1992 Spring-Summer; 20(3-4): 452-65