Gaulin on Banville, ed. Edwards (2001)
de Banville, Théodore. Œuvres poétiques complètes. Tome VIII. Ed. Peter J. Edwards. Paris: Honoré Champion, 2001. Pp. 814. ISBN 2-7453-0438-0
Théodore de Banville fut en son temps admiré de plusieurs. Dans le médaillon qu'il lui dédia, Mallarmé le hissa au niveau de la plus pure universalité: “mon objet est Théodore de Banville qui n'est pas quelqu'un, mais le son même de la lyre. Avec lui, je sens la poésie m'enivrer [. . .]” (Mallarmé, Œuvres complètes tome 2, p.142).
Ce tome VIII des Œuvres poétiques de Banville regroupe d'abord le recueil Dans la fournaise, œuvre posthume constituée de 29 poèmes qui parurent entre le 31 mars et le 22 décembre 1891 dans L'Écho de Paris. À ces 29 poèmes s'en ajoutent 27, non recueillis par le poète, en plus de 21 petites odes. Un dossier d'envergure mis au point par Hambly établit la réception critique immédiate de Dans la Fournaise; celle-ci va du 13 juin au 29 novembre 1892. Le dossier des variantes et notes est d'une clarté et d'une précision exemplaires et témoignent de la rigueur de cette édition. En effet, pour chaque poème, Hambly s'est efforcé de donner, lorsque cela fut possible, des informations sur le manuscrit, des remarques, les variantes puis des commentaires. Le même travail a été réalisé pour les poèmes non recueillis qui accompagnent le recueil. (227–499) Non moins utile aux historiens et aux exégètes est le chapitre consacré à la reproduction d'articles sur la vie et l'œuvre de Banville, dont un texte d'Émile Verhaeren paru dans L'Art moderne le 29 mars 1891. Enfin, une chronologie des événements entourant l'élaboration du recueil permet de reconstituer le contexte dans lequel Banville a élaboré Dans la Fournaise.
Le lecteur pourra enfin apprécier la place importante accordée à la musique. On relira à ce titre “Les demoiselles des chars” (79–83) paru dans L'Écho de Paris le 27 octobre 1891 et dans lequel Banville, alors plongé dans un univers antique, affirme sa volonté d'unir poésie et musique sous le lointain patronage d'Orphée. Avec cette édition impeccable, la lecture de l'œuvre de Banville devient donc obligatoire pour les historiens de la poésie française du XIXe siècle car elle nous permettra de saisir à quel point ses contemporains furent fascinés par elle.