De Nemo à Dakkar: la représentation paradoxale du colonialisme chez Jules Verne
Dans L’île mystérieuse, on retrouve le personnage central de Vingt mille lieues sous les mers, ainsi qu’un des personnages des Enfants du capitaine Grant. Ces romans, qu’il faut rétrospectivement catégoriser comme une trilogie,récapitulent l’essentiel des thèmes qu’a développés Jules Verne au cours de sa carrière. Parmi les fils conducteurs de cette trilogie, notons les deux thèmes entrecroisés que sont le colonialisme et le progrès technologique. Tout au long de sa production littéraire, la politique de colonisation menée par la France ne fera l’objet d’aucune critique de la part de Verne. Paradoxe apparent, l’écrivain parsème à travers son œuvre des protestations face aux injustices que subissent les peuples colonisés. Le but de cet article est de montrer que, dans la trilogie qui se clôt par L’île mystérieuse, l’étrange transformation du personnage du capitaine Nemo, qui (re)deviendra le prince Dakkar avant de mourir, peut servir à élucider ce paradoxe.