Chateaubriand: l'Enchanteur et ses Pouvoirs ou du Rhétorique au Métaphysique
En abordant l'œuvre de Chateaubriand sous l'angle de l'"événement figural" tel que défini par L. Jenny, c'est-à-dire comme le point du texte où se rouvrent à vif les "écarts de la langue," il est possible de retracer un parcours cohérent propre au style de l'Enchanteur et qui souligne, chez lui, une progression significative vers le "méta-physique". Ce qui n'est, d'abord, qu'une rhétorique nouvelle destinée à rendre dignement compte du monde sensible devient au cours des ans et avec l'âge un affrontement de plus en plus serré avec l'opacité des choses et des faits tels qu'ils sont. Le mémorialiste, puis biographe de Rancé, invente in extremis un trait de style qui résout le dilemme en le dépassant d'emblée d'un seul coup: l'"événement figural" devient le lieu et le moment d'une grâce particulière et plénière, celle qui permet aux éléments de la matière pondéreuse de prendre un essor impondérable et pourtant sensible en une manière de "corps glorieux." (In French)(SM)
Volume 1998-1999 Fall-Winter; 27(1-2): 1-15